Le cas n’est peut-être pas universel mais il semble que le travail de manager n’attire pas, ou plus, les jeunes de nos jours. Cela semble étrange, n’est-ce pas ? Ne sont-ce pas les jeunes qui n’ont plus la patience qu’avaient leurs aînés en leur temps et veulent gravir les échelons en brûlant certaines étapes ? Ne rêvent-ils pas tous d’arriver rapidement au sommet ? Bien sûr, il n’est pas question de tous les jeunes, des quatre coins du monde, mais la réalité est bel et bien là : la plupart d’entre eux n’ambitionnent plus de devenir managers à tout prix. Qu’est-ce qui s’est passé ? Manquent-ils d’ambition de nos jours ou y a-t-il d’autres raisons à ce volte-face ? Le fait que la jeunesse d’aujourd’hui ne voit plus grand peut en étonner plus d’un, et les entreprises en premier, en particulier les managers eux-mêmes. Si on se base sur une étude menée par l’Observatoire Cegos, spécialisé dans la formation professionnelle, dans les 66 % des plus de mille salariés interrogés disent ne pas viser une fonction managériale. Bien plus de la moitié déclare donc ne pas souhaiter devenir manager. Qu’est-ce qui se cache derrière cette indifférence ?
La réalité
Il faut se rendre à l’évidence : non seulement les jeunes mais aussi des moins jeunes ne veulent pas coûte que coûte devenir managers. Ils ne travaillent même pas dans ce sens. Et pourtant, pas plus tard qu’au début des années 2000, être manager était prestigieux, c’était un symbole de réussite, d’ascension sociale, de reconnaissance de ses compétences et aptitudes. Être manager voulait dire davantage de responsabilités, de tâches, de perspectives, bref, c’était le sommet rêvé. Et ceux qui ne l’étaient pas encore jouaient toutes les cartes entre leurs mains pour y parvenir. Moins de 20 ans plus tard, les donnes ont changé, les mentalités aussi. L’envie de devenir manager s’est grandement refroidie. Que comprendre de ce manque d’enthousiasme si évident ? Le fait est que, comme dit précédemment, devenir manager, c’est endosser un surcroît de responsabilités. Mais ce n’est pas motivant pour les jeunes lorsqu’ils prennent connaissance du salaire qui va avec. Il semble que les rémunérations ne soient pas à la hauteur de l’investissement intellectuel, temporel et énergétique que le poste de manager requiert. Et ce n’est pas pour encourager les jeunes. Travailler dur, oui, davantage, pourquoi pas, mais avec un salaire conséquent. C’est ce qu’ils attendent, et qu’on ne leur donne pas. D’où le désintérêt croissant envers le métier de manager.
Les conditions de travail
Ce que les entreprises doivent comprendre et garder à l’esprit, c’est qu’un jeune qui accepte de devenir manager va faire l’impasse sur beaucoup de choses dans sa vie privée. Moins de loisirs, moins de temps pour lui, bref, moins de vie personnelle. Mais pas à n’importe quel prix. Et on comprend pourquoi ils préfèrent renoncer à devenir manager. De plus, les jeunes espèrent des conditions de travail qui leur font se sentir bien. Même si on leur donne un salaire mirobolant et qu’ils portent un titre respectable, les jeunes ont besoin d’évoluer dans un cadre professionnel agréable. Ils réclament moins de rigidité aussi bien au niveau des horaires que des tenues. Ils veulent qu’on les laisse exploiter leur créativité, qu’il y ait plus de convivialité.
L’intérêt se perd
Etant donné que de nombreuses entreprises campent sur leur position et leur politique de gestion, peut-être vieille de plusieurs générations, la jeune génération se désintéresse peu à peu du poste de manager. Dans certaines boîtes, être manager c’est exercer de l’autorité, faire pression sur ses collaborateurs. Comment est-ce que les jeunes peuvent-ils en être attirés ? Plus que cela, un manager doit aussi être force de proposition, avoir la capacité de mener à bien les projets et son équipe, trop pour les épaules d’un jeune. Mais fait étonnant, dans la pratique, un grand nombre de managers avouent ne pas effectuer tout ce qui est inscrit sur leur fiche de poste…
L’apprentissage importe
La plupart des jeunes entrant dans le marché du travail aujourd’hui montrent un intérêt réel pour l’apprentissage. Même avec un bon poste, ils cherchent tous les moyens possibles pour continuer à apprendre. Le fait de se former sur plusieurs fronts leur permettent de rebondir au cas où une crise survient, en cas de chômage technique ou autres déboires de ce genre. Ils sont conscients qu’un emploi n’est jamais sûr à 100 % et que le risque qu’ils perdent leur emploi est toujours là. Aussi, au lieu d’aspirer à tout prix au poste de manager, ils préfèrent les postes où ils peuvent acquérir des compétences. Ils veulent se performer, maîtriser de nombreux aspects techniques avant de monter en grade. Ils montrent une grande curiosité professionnelle et souhaitent avant tout multiplier les expériences. Et plus tard seulement, devenir manager.